Saison 1
Quand l'économie de partage s'invite dans l'entreprise

L’économie de partage s’est imposée dans nos vies personnelles, bouleversant les modèles de consommation. Mais en entreprise, son adoption reste timide. Pourquoi un tel écart entre sphère privée et monde professionnel ? Quels actifs partager et comment dépasser les freins qui paralysent encore l’action ?
Le partage en entreprise : un gisement de valeur encore inexploité
L’usage remplace la possession, mais l’entreprise reste figée dans ses modèles
La société évolue vers une consommation plus raisonnée, portée par l’usage plutôt que la propriété. Ce changement s’est imposé dans nos vies personnelles, mais peine à entrer dans les murs de l’entreprise. Pourtant, les actifs dormants sont nombreux : équipements inutilisés, espaces sous-exploités, expertises disponibles, données valorisables… Le Bengs Lab estime que 3 à 10 % des actifs d’une entreprise ne sont pas utilisés, alors même qu’ils pourraient générer 3 à 5 % de croissance supplémentaire. Sanofi, par exemple, a lancé une plateforme interne pour partager ses équipements de laboratoire entre sites : une initiative concrète, rentable et durable. Et pourtant, ces démarches restent l’exception.
Des freins multiples à lever pour activer l’économie de partage en B2B
Six verrous Ă faire sauter : culture, organisation, techno, droit, finances et gouvernance
Pourquoi si peu d’organisations sautent le pas ? L’étude du Bengs Lab identifie six grandes catégories de freins. Culturels d’abord : le culte de la possession reste fort. Organisationnels ensuite : peu d’entreprises savent cartographier leurs actifs ou nommer un pilote pour les valoriser. Les contraintes juridiques sont également nombreuses : droit du travail, règles de concurrence, protection des données… Sans oublier les freins fiscaux, techniques ou managériaux. La question de la valeur d’échange des actifs est rarement tranchée, tout comme celle des KPI à utiliser. Pourtant, avec les bons outils (intranet, plateformes internes, moteurs d’analyse), des cas concrets montrent que l’innovation est à portée de main. Les membres du Lab ont expérimenté ces approches avec succès, à condition d’adopter une méthode adaptée à chaque type d’actif.
Valoriser les actifs latents : une stratégie d’innovation et de coopération durable
Baisser les coûts, générer des revenus, entretenir les expertises, renforcer l’écosystème
Partager n’est pas un acte isolé : c’est un choix stratégique. En valorisant leurs actifs latents, les entreprises peuvent répondre à cinq objectifs complémentaires : réduire leurs coûts, entretenir ou améliorer certains actifs (comme une expertise peu sollicitée), générer de nouveaux revenus, soutenir leur écosystème (startups, fournisseurs critiques) ou renforcer leur image de marque. Il ne s’agit pas uniquement d’optimiser l’existant, mais aussi de réinventer les liens entre acteurs économiques. Prêter un espace, ouvrir une formation, céder un logiciel développé en interne ou mutualiser une flotte, c’est entrer dans une logique d’entreprise-plateforme. C’est aussi poser la question d’une gouvernance ouverte, orientée usage, et capable de réconcilier performance, durabilité et innovation. Demain, la valeur d’une entreprise pourrait bien se mesurer à sa capacité à faire circuler ses ressources, plus qu’à les posséder.