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Libérée, délivrée ?

Une étape du Tour de France de la créativité et de l’innovation collaborative

L’entreprise libérée a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années avec les expériences menées par exemple chez FAVI, Chronoflex ou encore Poult en France. Autant d’initiatives qui ont pris des modalités bien différentes et sans qu’un modèle ne parvienne à s’imposer. Nombre des structures que je visite pendant mon Tour de France s’interrogent : au-delà des organisations qu’il faudrait supposément « libérer » (de quoi ? en vue de quoi ?), n’est-ce pas avant tout les individus – et ce qui les motive – que l’on a besoin de replacer au centre des discussions ?

Rendue célèbre en France par Isaac Getz en 2009, la libération organisationnelle part du postulat que l’autonomie est gage de bien-être et de performance ; une entreprise libérée serait ainsi une « entreprise où les salariés sont libres et responsables d’entreprendre toutes les actions qu’ils estiment les meilleures pour celle-ci ».

On passerait en somme d’une organisation « comment ? » à une organisation « pourquoi ? / pour quoi ?« , d’une structure qui ne vous dit (dicte ?) plus les manières de faire mais au contraire insiste plutôt sur les objectifs communs à réaliser… Pour autant, si plusieurs exemples existent, les conclusions divergent en raison d’un manque de recul suffisant. Ce que révèle néanmoins la notoriété accordée ces dernières années au concept d’entreprise libérée est un engouement largement partagé pour une révision des pratiques managériales, aujourd’hui valorisée à travers “l’agilité” ou “l’inspiration startup” et qui englobe :

  • un management fondé sur la confiance,
  • la définition des valeurs de la structure,
  • une réduction des niveaux hiérarchiques,
  • une augmentation de l’autonomie dans le poste, les décisions,
  • la transparence comme mode de communication.

Pour finir, voici une citation de Patrick Sorhaye, professeur associé au CNAM : “Les entreprises les plus innovantes sont peut-être en vérité celles qui, loin du tapage médiatique et de ses engouements hâtifs, ont l’originalité de faire face en étant conscientes du travail et du temps que cela exige, sans qu’aucune potion magique les affranchisse des difficultés et du chemin à parcourir.

En soi, une affaire d’humilité, de patience et de persévérance .

La confiance ne se décrète pas, elle s’acquiert – et cela prend du temps. Des valeurs clamées et écrites en grandes lettres sur un mur ne valent pas l’adhésion tacite mais d’autant plus forte d’une équipe à une vision globale. Enfin, la suppression du nombre de niveaux de hiérarchie et l’autonomie des salariés ne signent pas pour autant la fin du management (au contraire… mais ce sera l’objet d’un prochain billet !).

A la semaine prochaine !

Manon Baëlen

http://noi-tour.com/

 

Après ses études HEC Paris avec une spécialisation en Management de l’Innovation à l’Ecole Polytechnique, Manon Baëlen a lancé Noï, le Tour de France de la créativité et de l’innovation collaborative. Bengs soutient cette initiative en s’engageant comme partenaire à ses côtés et vous propose de suivre cette aventure grâce au billet d’humeur de Manon à retrouver chaque semaine.

Pour aller plus loin…

Quelques ouvrages : 

  • Liberté et Cie: quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises, Isaac Getz, Brian Carney
  • Reinventing organizations : Vers des communautés de travail inspirées, Frédéric Laloux
  • La Sagesse des foules, James Surowiecki
  • La vérité sur ce qui nous motive, Daniel H. Pink

Les critiques du modèles d’entreprise libérée : vers une entreprise délibérée ?

  • La Fin de l’illusion, Collectif des mécréants