Transformation des modes de travail
Les modifications apportées par la création de boucles ouvertes ou fermées tout au long de la chaîne de valeur – depuis la phase de conception, achats, fabrication, vente, utilisation, jusqu’à la fin de vie du produit – impliquent nécessairement une évolution des modes de travail, tant du point de vue des compétences et connaissances que du point de vue organisationnel.
DES ACTEURS PEU SENSIBILISES A L’ECONOMIE CIRCULAIRE
Un exemple avec le BTP, le secteur d’activité le plus producteur de déchets en France. Pour tester une solution, Vinci a lancé PULSE : un projet de construction de bâtiment basé sur l’utilisation de matériaux issus de la destruction. Seuls 2% de chantiers contactés par Vinci pour devenir fournisseur ont accepté de jouer le jeu et de mettre à disposition des éléments propres au réemploi. L’unique acteur-clé qui, systématiquement, rendait cet échange possible ou non est le maître d’ouvrage, dont le périmètre de responsabilité inclut le juridique (responsable de la valorisation et élimination des déchets) et l’opérationnel (responsable de la gestion des déchets).
Si cet acteur était formé au préalable sur la valeur intrinsèque d’un déchet de chantier propre au réemploi et sur les opportunités que représente cette activité pour son entreprise et pour l’environnement, l’équipe du projet PULSE aurait sans doute eu moins de mal à trouver ses fournisseurs.
UNE EVALUATION DU COUT DU CYCLE DE VIE (CCV )RAREMENT ANALYSEE
L’analyse et l’évaluation du coût du cycle de vie devrait constituer un outil managérial d’aide à la décision plus fréquemment utilisé pour guider les choix de conception et/ou éclairer un acheteur dans le choix d’un produit.
Cependant, seuls 41% des acheteurs interrogés dans le cadre du baromètre de l’ObsAR déclarent l’utiliser. Pour le moment et bien qu’une part croissante des acheteurs intègrent dans leur analyse le coût de fin de vie du produit, la majorité se restreint à l’étude du coût d’acquisition.
Le coût du cycle de vie (CCV) est le « coût cumulé d’un produit tout au long de son cycle de vie », depuis sa conception jusqu’à son démantèlement. Les notions de coût total (ou global) de possession ou encore coût global, sont également utilisées. Cependant, le coût total de possession ne prend en compte qu’une partie du CCV, de l’acquisition jusqu’à l’abandon. En effet, les coûts en amont (conception, fabrication, propriété précédente) et en aval (propriété suivante et démantèlement) ne sont pas pris en compte par le TCO alors qu’ils le sont par le CCV. Le TCO est une mesure restreinte et uniquement économique alors que le CCV est une mesure intégrale plus large, prenant notamment en considération la dimension environnementale.
UNE DIFFICULTE DES ENTREPRISES A COOPERER
C’est ce qu’a relevé Kim Tjoa, le fondateur de FLOOW2, une plateforme de partage B2B d’engins de chantiers sous-utilisés. D’après son analyse, les entreprises considèrent la location d’actifs et d’outils de production à d’autres entreprises comme un risque et n’en perçoivent pas l’opportunité. Les revenus qui peuvent en découler ne seraient pas perçus comme suffisants pour prendre ce risque. Pourtant, les avantages à la location sont nombreux : économies – surtout pour les actifs peu utilisés, technologies – l’entreprise dispose toujours d’un matériel à la pointe, adaptabilité – le matériel loué peut varier en fonction des spécificités du besoin, etc.