Le Forum Changer d’Ere a réuni à la Cité des Sciences ce 3 juin 2015 des décideurs politiques et économiques, des scientifiques, des économistes, des sociologues, des entrepreneurs de la génération dite « digital native » pour débattre de la société collaborative et de l’opportunité qu’offre le numérique pour réinventer notre société.
Révolution numérique : opportunité ou menace ?
En dépit d’une croissance économique mondiale en berne, certains secteurs économiques ont une progression insolente et frôlent des taux de croissance proches de 50% pour certains acteurs des services Internet : les réseaux sociaux, le e-commerce ou les applications mobiles. Le leader Facebook, créé en 2004 a multiplié son chiffre d’affaires par 25 et il est suivi par de nombreux acteurs nés dans les années 2000, dont le chiffre d’affaires a été multiplié par 3 ou 4 en quelques années.
Ces acteurs ont ainsi su innover radicalement, « disruptivement » diront certains, et induire des changements profonds sur leurs marchés. La chaine de valeur s’est recomposée et le numérique a permis à ces nouveaux acteurs de capter du chiffre d’affaires au détriment des entreprises traditionnelles. Ces dernières n’ont pas été suffisamment conscientes des risques à venir et des opportunités sur lesquelles se positionner.
Disrupter pour éviter de se faire disrupter
Le modèle de disruption imposé par Uber a permis aux VTC de capter, voire de détourner une partie du chiffre d’affaires au sein de la chaine de valeur traditionnelle des taxis. Ainsi les taxis sont condamnés à voir leur activité décliner s’ils ne renouvellent pas leur modèle économique.
De la même manière, les plateformes Internet de réservation de voyages ont radicalement modifié les chaînes de valeur du secteur du tourisme, captant aujourd’hui jusqu’à 30% des ventes en ligne de l’hôtellerie. Il est d’ailleurs intéressant de mentionner Fédérico Casalegno, professeur au MIT et fondateur du « MIT Mobile Experience Lab » : « Hilton a créé un empire en 100 ans avec 610 000 chambres à louer dans 80 pays quand la plateforme Airbnb a mis 4 ans à développer une activité de location de 650 000 chambres à louer dans 200 pays, sans posséder un seul actif immobilier ». Là encore les acteurs traditionnels du tourisme sont invités à se réinventer rapidement sous peine de mourir lentement mais sûrement.
Ainsi on estime qu’en 2030, 40% des grandes entreprises mondiales auront disparu et que 2 milliards d’emplois seront à réinventer.
A l’ère du digital, comment aider les entreprises à faire leur révolution ?
L’axe « capital humain » est le levier majeur de transformation des entreprises. La question est de savoir comment rendre les organisations disruptives et aller vers des formes plus agiles, plus transversales, plus connectées, plus fluides et plus centrées sur l’humain. A commencer par la « disruption de l’école » pour permettre l’expression de tous les talents : l’enjeu est bien de développer les capacités de création et de réflexion pour former les entrepreneurs de demain.
Une fois dans l’entreprise, dans un environnement hyperconnecté, le manager est confronté à un dilemme quotidien : satisfaire à la vénération du dieu KPI de l’entreprise ultraprocessée tout en devant se réinventer dans le cadre des règles de son marché.
Ce dilemme est source de stress, de perte de repère. Et les managers doivent assurer cohésion et clarté du discours sans y voir encore complètement clair. Il est donc urgent pour eux de prendre une pause managériale et de réinventer la manière de diriger les Hommes et l’entreprise, en tenant compte du référentiel Bengs à six dimensions:
- Evolution des modes de consommation
- Modification des règles de marché et d’échange
- Digitalisation des relations
- Entreprise multigénérationnelle
- Transformation du rapport employeur/employés et des modes de travail
- Augmentation des contraintes réglementaires et environnementales